Blitz Kritik Musicale – Octobre ’23 !

La blitz kritik d’octobre, c’est l’occasion de découvrir une étonnante compilation de reprises interprétées par Tom Waits : Under the covers : the songs he didn’t write.

Du Tom Waits qui n’en est pas et qui en devient

Under the coversthe songs he didn’t write – Tom Waits

Couverture album "Under the covers - the songs he didn't write" de Tom Waits
  • Artiste : Tom Waits
  • Album : Under the covers – the songs he didn’t write
  • Genre : Blues / Jazz / Rock
  • Date de sortie : novembre 2017

Pas franchement fan des albums de reprises mais franchement fan de Tom Waits, il n’y avait peut-être que lui pour me convaincre de me lancer dans l’écoute d’un album entier durant lequel un artiste s’essaie sur les chansons des autres. C’est donc animée d’un enthousiasme prudent que je laisse défiler les premières notes d’Under the covers – The songs he didn’t write, une « nouveauté » toute relative de ma plateforme de streaming musical puisque cet album date de… 2017.

De quoi s’agit-il ? Dans une succession de lives enregistrés à différents moments de sa carrière (l’évolution du timbre de sa voix est là pour en attester), Under the covers nous embarque (ouvrons à bloc les vannes de l’imaginaire…) quelque part sur les rives du Mississippi, dans l’intimité d’un juke joint où jamais ne percerait la lumière du jour ou bien encore dans un club de jazz enfumé de New-York ou Chicago dont seuls quelques initiés se rappelleraient encore l’adresse.

Une ambiance Whisky & Cigarettes qui va comme un gant à celui qui, quelques années plus tôt, devisait en compagnie d’Iggy Pop au booth d’un vieux resto dans une scène mythique du Coffee & Cigarettes de Jim Jarmusch. Avec ses vingt-quatre morceaux, l’album pioche dans des registres musicaux aussi variés que le blues, le jazz, la country, le folk et le rock, s’aventurant même sur le terrain du spiritual pour une joyeuse et zézayante clôture. La première surprise : entendre Waits chanter du Dean Martin, James Brown, Tony Bennett, Bob Dylan, Louis Prima ou encore The Doors. La seconde : découvrir des morceaux d’artistes plus confidentiels dont les titres résonnent à nos oreilles pour la toute première fois (et certainement pas la dernière).

C’est fait pour qui ? Pour les fans évidemment MAIS pas de panique si le bonhomme vous est encore peu familier… On ne saurait fixer de règles pour amorcer son parcours Waitsien (alors, après tout, pourquoi pas Under the covers ?). Le tout est de se sentir l’âme d’un aventurier car l’artiste est multiple, complexe, déroutant et en cela passionnant, capable de la plus douce ballade comme d’un rock inquiétant durant lequel sa voix devenue caverneuse (renvoyant en la matière Joe Cocker dans ses 22 et même au-delà) est à deux doigts de vous filer « the creeps« , comme ils disent là-bas.

A woman told me today / You’re wasting your life away / Sitting around in your prime / Getting drunk on a bottle of wine / But I like to sleep late in the morning / Don’t like to wear no shoes / Making love to the women while I’m living / Getting drunk on a bottle of booze.

I like to sleep late in the morning – Chanson originale de David Blue (morceau #10 de l’album)

Place donc à celui dont l’esprit rebelle a de quoi fasciner, celui qui à un autre siècle aurait joué le parfait Monsieur Loyal d’un Freak Show à la Barnum où bizarrerie aurait été synonyme de liberté, le messager malgré lui des tous ceux qui ne rentrent dans aucune case – misfits de condition ou de conviction, celui qui recherche le vrai avant le beau et ce faisant atteint souvent les étoiles, celui enfin qui JAMAIS ne s’essaiera à chanter les chansons des autres mais bien plutôt s’emploiera, en conteur des temps modernes, à être un merveilleux passeur d’histoires, un merveilleux passeur de mots et un merveilleux passeur d’émotions, the one and only, Tom Waits…

Le petit bémol : Une qualité d’enregistrement assez limite sur certains morceaux.

Deux extraits pour vous :

Une ballade aussi jolie qu’elle est méconnue, composée par Ray Bierl : Friday’s blues, dont le refrain « And it looks like Friday’s blues has made it into Saturday morning« , à lui seul, suffirait à valider le morceau – et voilà que le reste est tout aussi beau !

Friday’s Blues

La mythique chanson Fever originellement interprétée par Little Willie John et objet d’au moins mille reprises déjà. Ici, dans une version démoniaque, tout droit sortie des ténèbres et remisant définitivement au placard la trop célébrée version de Peggy Lee (saluons au passage la suppression par Waits du couplet – plutôt craignos – dédié à Pocahontas et son capitaine Smith, ajouté (parmi d’autres) par Miss Lee à la version originale).

Fever

Et en bonus !

Extrait de Coffee & Cigarettes (2003) – Tom Waits & Iggy Pop chez Jim Jarmusch

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3 Commentaires
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Layla Lahred Detord
Layla Lahred Detord
Invité
1 année il y a

L’écoute de « Fever », me laisse sceptique, il me semble que la voix n’est pas tout à fait placée sur les temps, et que la copie est bien brouillonne et ça ne swingue pas.

Thomas C.
Thomas C.
Invité
1 année il y a

Je partage vos réserves sur les albums de reprises MAIS allez jeter une oreille (si vous ne l’avez déjà fait) à « Jukebox » de Cat Power… et puis au sujet de Tom Waits le papier de Chalumeau dans « En Amérique » est un must read…

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