Faut-il regarder le documentaire Mohamed Ali réalisé par Ken Burns ? Mille fois oui et on vous explique pourquoi !
- Mohamed Ali
- Format : Série documentaire – 4 épisodes (Round 1 : 1942-1964 / Round 2 : 1964-1970 / Round 3 : 1970-1974 / Round 4 : 1974-2016)
- Réalisateurs : Ken Burns, Sarah Burns & David McMahon
- Date de sortie : 2021
- Durée : 7h07
- Thématiques : Sport / Histoire / Droits Civiques / Etats-Unis / Afro-Américain
Qu’en dit la presse du documentaire Mohamed Ali de Ken Burns ?
Wouah !
On croyait tout savoir du champion. Ken Burns revient sur l’un des plus grands monuments de la pop culture américaine. Essentiel.
Re-Wouah !
Avec sa série documentaire en quatre parties d’une durée totale de sept heures, sobrement intitulée Mohammed Ali, Ken Burns propose une formidable immersion dans la vie du champion. Il fallait bien ce format monumental pour dresser un portrait fidèle, authentique et exhaustif du poids lourd.
Pourquoi le documentaire Mohamed Ali de Ken Burns vaut le détour ?
“Float like a butterfly, sting like a bee”. Cette phrase, comme un mantra, aura accompagné Mohamed Ali tout au long de sa carrière de boxeur, décrivant selon Drew Bundini Brown (l’un de ses entraîneurs et hommes de coin), le style si particulier de celui qui fut l’un des (si ce n’est LE) plus grands boxeurs de tous les temps : un danseur du ring, aussi léger et rapide qu’un papillon, aux esquives surprenantes et attaques fulgurantes. Ali reprendra bien vite cette formule à son compte, la scandant à tout venant, lors des séances d’entraînement, en conférence de presse, où qu’il soit, devant les journalistes qui partout le suivent, l’interpellent, l’interviewent. Et il suffit de l’observer – le front haut, avec le regard fier de celui qui ne doute pas de sa supériorité, tantôt rieur, tantôt killer – prononcer ces quelques mots qu’il fait suivre du rugissement d’un lion pour qu’instantanément la curiosité pour ce personnage s’éveille.
Bien qu’il existe des dizaines de reportages, des biopics même, sur celui qui s’autoproclama The Greatest, Arte TV nous propose un formidable documentaire réalisé par Ken Burns à voir absolument, que l’on soit fan de sport ou pas du tout ! Car si Ali fut à l’évidence un immense sportif à la carrière plus palpitante que tous les opus de Rocky réunis, le citoyen et l’homme ne furent pas en reste, ayant bousculé comme peu d’autres l’Amérique conservatrice des années 60.
En quatre épisodes (pour un total de plus de sept heures de visionnage et pas une minute de trop !), Ken Burns nous fait découvrir un personnage aux multiples facettes – fut un temps décrié, aujourd’hui adulé.
Tout d’abord, un boxeur à la carrière exceptionnelle, n’impressionnant pourtant pas à ses débuts sur le ring mais qui, à force de travail et de détermination, deviendra champion olympique à l’âge de 18 ans puis triple champion du monde poids lourds (‘64, ‘74 et ‘78) avec un total de 56 victoires pour 5 défaites. Un showman ensuite, inventeur du trash-talking, roi de la formule insolente, qui amuse le public et les médias en même temps qu’il agace (voire même déçoit parfois tant son accablement de l’adversaire par les mots ne souffre aucune limite). Beaucoup s’offusqueront de son arrogance affichée, de l’affirmation brute de sa supériorité, mais le juger serait ignorer le contexte dans lequel ses propos s’inscrivent, car ses mots sont ceux d’un homme qui, par la provocation, rebat les cartes du rapport entre hommes blancs et noirs, faisant clairement entendre que la fin de l’ère de la white supremacy a sonné.
Un homme également empreint d’une profonde spiritualité, qui, bien qu’évoluant dans une société WASP dont il a besoin les appuis pour financer sa carrière, n’hésitera pas à afficher des convictions religieuses à contre-courant en se convertissant à l’Islam et en revendiquant son appartenance à la controversée secte politico-religieuse The Nation of Islam (NOI) dirigée par le gourou Elijah Mohamed. Né Cassius Clay, à l’instar de Malcom X dont il sera très proche avant que ce dernier ne s’éloigne de la NOI, il abandonnera son “nom d’esclave” à l’âge de 22 ans pour adopter celui de Mohamed Ali – premier choc dans un monde pas vraiment prêt à accepter que son champion porte un accroc au “modèle américain”.
Un citoyen afro-américain courageux enfin, qui refuse son incorporation au sein de l’armée américaine pour aller combattre au Vietnam. Conspué par une grande partie de la population qui juge cet acte antipatriotique (et dieu sait que cette valeur est importante au pays de l’Oncle Sam !), déchu de son titre de champion du monde, privé de licence professionnelle, condamné à une peine de cinq ans d’emprisonnement, rien n’ébranlera pourtant ses convictions et il secouera l’Amérique en se faisant le porte-voix d’un antimilitarisme qui ne sera compris que quelques années plus tard alors que les troupes US s’épuisent vainement au Vietnam depuis trop longtemps.
Why should they ask me to put on a uniform and go 10,000 miles from home and drop bombs and bullets on Brown people in Vietnam while so-called Negro people in Louisville are treated like dogs and denied simple human rights? No I’m not going 10,000 miles from home to help murder and burn another poor nation simply to continue the domination of white slave masters of the darker people the world over.
De retour sur le ring en 1971 après une bataille judiciaire de plus de trois ans dont il sortira vainqueur, celui qui est entre-temps devenu un héros martyr aux yeux du monde continuera de construire sa légende à raison de combats mythiques face à Joe Frazier, George Foreman et bien d’autres encore.
En bref :
Mais interrompons là nos développements, le mieux après tout est de visionner séance tenante ce documentaire au nombre incalculable d’archives, images, vidéos, interviews d’Ali lui-même et de ceux qui l’ont connu entre famille, amis, professionnels du ring et journalistes. Quatre épisodes pour quatre rounds dont on ressort enthousiasmé !!!
Un teaser du documentaire Mohamed Ali de Ken Burns pour vous donner une idée
Envie d’en savoir plus sur Mohamed Ali ?
Fight of the Century – Ali vs Frazier (1971)
De retour sur les rings après avoir été privé de licence pendant plus de trois ans, Ali cherche à récupérer son titre de champion du monde porté en son absence par Joe Frazier. Pour la première fois de l’histoire, deux champions du monde, tous deux invaincus, se rencontrent. La rencontre que l’on qualifiera du Combat du Siècle se déroule au Madison Square Garden sur quinze rounds et il faudra aller au bout de ces quinze rounds pour départager les deux hommes. Tous deux épuisés, salement amochés (Frazier passera plusieurs jours à l’hôpital après le match), aucun des deux boxeurs ne jettent l’éponge et, à l’issue du dernier round, les arbitres accorderont la victoire aux points à Joe Frazier. C’est la première défaite dans la carrière d’Ali, douloureuse puisque le titre de champion du monde est perdu, tout comme s’envole son rêve de guerrier invaincu.
Once we were kings – Ali vs Foreman (1974)
Et si l’histoire d’Ali vous passionne, ne manquez pas le documentaire réalisé par Leon Gast (When we were kings – Oscar du meilleur film documentaire en 1997), qui se concentre sur le combat de 1974 entre Mohamed Ali et George Foreman organisé à Kinshasa, Zaïre, par l’entremise du tout jeune encore Don King. Un combat mythique entre deux grands sportifs, Ali combattant pour la seconde fois pour la reconquête de son titre de champion du monde poids lourds dont il a été dépossédé sept ans auparavant. Foreman tombera par K.O. au 8e round, permettant à Ali d’être pour la deuxième fois sacré champion du monde poids lourds, dix ans après son premier sacre.
Ali vs Michel Drucker (1976)
Et pour finir sur une note divertissante, voici une courte interview d’Ali datant de 1976 menée par notre Michel Drucker national dans son émission L’Invité du Dimanche.
On prend le temps de découvrir Ken Burns
Producteur, réalisateur, scénariste et directeur de la photographie américain né à New York en 1953, Ken Burns est à l’origine de formidables documentaires en plusieurs épisodes revenant sur l’histoire des Etats-Unis : Prohibition, Guerre Civile, Guerre du Vietnam, Jazz, Country Music, Histoire du Baseball... you name it!
A priori pas intéressée par l’univers de la boxe, j’ai néanmoins été tentée de regarder le documentaire et je ne l’ai pas regretté. Formidable portrait de Mohamed Ali mais aussi de l’Amérique des années 60,70. Passionnant.
Le choix des vidéos enrichit le documentaire. Félicitations.
Merci pour ce retour Patricia ! Ken Burns est vraiment l’as des docu-séries sur l’histoire des Etats-Unis et, avec Mohamed Ali, il a en effet trouvé un axe formidable pour raconter l’Amérique !