Vous n’avez pas encore vu Do the Right Thing de Spike Lee ? Cette critique ciné est faite pour vous ! Et pour les familiers du film, n’hésitez pas à partager votre ressenti avec nous en ajoutant un commentaire à la fin de cet article !
- Film : Do The Right Thing
- Réalisateur : Spike Lee (Etats-Unis) – César d’Honneur en 2003 / Oscar d’Honneur en 2016
- Genre : Drame
- Durée : 2h00
- Casting : Spike Lee, Danny Aiello, John Turturro, Rosie Perez, Samuel L. Jackson, Bill Nunn, Martin Lawrence
- Date de sortie : 1989
- IMDb : 7,9/10
- Thématiques : New York / Etats-Unis / Afro-Américain / Racisme / Violence / Société
Qu’a dit la presse de Do the right thing de Spike Lee ?
Wouah !
Beurk !
Un film marquant, emblème de la culture noire-américaine des années 80.
Do the Right Thing, malgré tout son esprit, est le genre de conte de fées rance que l’on attend d’un raciste, que Lee en soit un ou non.
Pourquoi Do the right thing vaut le détour ?
Il est des films qu’on a vu bien jeune et qui nous ont marqué de leur empreinte sans même que sur l’instant on en prenne la mesure. Ce n’est qu’avec le temps, parfois après plusieurs années, que s’installe en nous le sentiment d’avoir vu quelque chose d’important – le film pourtant ne nous a laissé qu’un souvenir diffus. Et puis un jour, par un hasard qui n’en est sans doute pas un, ce souvenir remonte et avec lui l’envie de réemprunter le chemin de l’émerveillement, de revivre – peut-être (si notre mémoire ne nous a pas trompé) – le choc que nous avions reçu alors, de réveiller aussi le temps d’un film celui que nous étions quand ce moment de grâce nous a touché.
Voilà donc ce qui m’a amenée à revoir près de trente ans plus tard (ouch !) Do The Right Thing, quatrième long métrage de Spike Lee sorti en 1989 et premier succès de ce réalisateur pour le moins prolifique (à raison d’un film en salles en moyenne tous les deux ans depuis la fin des années 80, autant dire qu’on a de quoi occuper pas mal de nos soirées en compagnie du réalisateur américain !).
De quoi parle Do the right thing ?
Et le film démarre, fidèle aux quelques souvenirs qu’on en avait… le récit d’une journée d’été dans un quartier noir de Brooklyn alors que New York enregistre un pic de chaleur à faire fondre l’asphalte coulé au pied des brownstones de ce coin résidentiel situé à quelques minutes seulement – et pourtant à des années lumières – de Manhattan. Spike Lee nous raconte le rien du quotidien, la vie qui va qui vient de ce bloc d’immeubles où tout le monde se connaît d’autant mieux que les parcours s’y construisent en partie dans la rue. Toutes générations confondues, on grandit, on vieillit sur les marches de son perron – on y devise entre copains, entre voisins, en laissant se dérouler devant soi le petit cinéma de quartier – il suffit de s’asseoir et de regarder…
Et ce jour-là plus qu’aucun autre, la vie se fait dehors car on étouffe dans les appartements étroits et non climatisés de ce coin de Brooklyn. Des enfants jouent à s’asperger avec l’eau qui sort des bouches d’incendie – Da Mayor, le vieux hobo, offre des fleurs à sa voisine – des jeunes traînent, comme leurs parents avant eux, dans la pizzeria de Sal (Danny Aiello), l’un des seuls blancs du bloc – Mookie (Spike Lee) livre, à son rythme, les pizzas commandées chez Sal – le tout au son fédérateur du radio DJ local, Senor Love Daddy (Samuel L. Jackson) qui, derrière sa grande baie vitrée, est témoin des allées et venues des gars du quartier et diffuse la bonne parole aussi bien que les good vibes.
Mais cette atmosphère de proximité tranquille apparaît bien fragile et les corps ont beau être engourdi, les esprits s’échauffent vite – pour une basket piétinée, la mauvaise marque de bière dans l’épicerie du couple Coréen à l’angle de la rue, une galerie de portraits un peu trop clairs affichée sur le mur de la pizzeria… Entre préjugés ethniques et revendications communautaires, les tensions raciales sont omniprésentes et les heures passent dans un équilibre précaire, chacun bien conscient, qu’à la moindre étincelle, tout peut basculer.
Avec Do the Right Thing, Spike Lee signe un film socio-politique puissant qui invite le spectateur à la réflexion. Fort d’un scénario millimétré et de personnages finement ciselés, il sème avec talent les graines d’un final aussi explosif que le “Fight the Power” de Public Enemy qui, comme un fil rouge, accompagne en boucle – volume poussé au maximum – le taiseux et marcheur solitaire Radio Raheem et son ghetto blaster. L’esthétisme est aussi au rendez-vous avec une ambiance 80’s colorée et graphique (sans parler de la musique !) qui nous rendrait presque nostalgique. Et c’est ainsi que près de trois décennies plus tard, notre ressenti d’enfant non seulement se confirme mais se renforce. Quelle claque !
“Always do the right thing”, voilà le conseil – plein de bon sens et pourtant pas si simple à appliquer – que donne, tel un prophète, Da Mayor à un Mookie passablement incrédule. Et si l’on pourrait discuter des heures de ce qu’aurait été “the right thing to do” en tant que jeune afro-américain soumis à la violence de son quartier, il n’y a en revanche pas de débat en ce qui vous concerne : Ce soir, vous passez la soirée avec Spike Lee et ce film génialissime !
Do the right thing, en bref :
Pour le Brooklyn feeling, pour l’ambiance 80’s, pour le caractère fondamental de la réflexion, pour l’authenticité et la fulgurance propre à la jeunesse, pour le talent dans la réalisation… un film absolument incontournable !
La Bande-Annonce de Do the right thing, ça donne quoi ?
Do the right thing, des répliques Shebam! Pow! Blop! Wizz!
DM _ Always do the right thing.
M _ That’s it ?
DM _ That’s it.
M _Pino, fuck you, fuck your fucking pizza, and fuck Frank Sinatra.
P _Yeah? Well fuck you too, and fuck Michael Jackson.”
You gold-teeth-gold-chain-wearin’, fried-chicken-and-biscuit-eatin’, monkey, ape, baboon, big thigh, fast-runnin’, high-jumpin’, spear-chuckin’, 360-degree-basketball-dunkin’ titsun spade Moulan Yan. Take your fuckin’ pizza-pizza and go the fuck back to Africa.
You wanna boycott someone? You ought to start with the goddamn barber that f*cked up your head.
Envie d’en savoir plus sur Spike Lee et Do the right thing ?
Itsy-bitsy-teenie-weenie-biographie
Spike Lee est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur américain né en 1957 à Atlanta, Georgia. Il grandit néanmoins à Brooklyn, NY, quartier et ville qui seront pour lui une source d’inspiration majeure. Cinéaste engagé, l’essentielle de sa filmographie traite des conflits raciaux et sociaux dénonçant les difficultés et injustices auxquelles les afro-américains sont confrontés aux Etats-Unis. Réalisateur prolifique, Spike Lee compte plus d’une vingtaine de long-métrages dans sa filmographie, alternant succès et flop commerciaux. Il a par ailleurs réalisé de nombreux documentaires (parmi lesquels Katrina, When the Levees Broke, témoignage du désastre survenu à la Nouvelle-Orléans post ouragan et des failles de l’administration gouvernementale dans la gestion de la catastrophe) ainsi que quelques clips vidéos (notamment pour des artistes tels que Public Enemy, Michael Jackson et Prince).
On écoute Spike Lee !
Si on a souvent eu l’occasion d’écouter le « parfois surprenant voire déroutant » Spike Lee au cours des trente dernières années, cet entretien réalisé au Canada en 1989 – l’année de la sortie de Do the Right Thing et quelques jours seulement après la clôture du Festival de Cannes – vaut le détour… On y entend un jeune Spike Lee déçu (et pour cause !) que son film – pourtant acclamé lors du festival – ne soit pas reparti avec un prix – la faute à Wim Wenders apparemment !
On regarde Spike Lee !
Pour ceux qui ont un peu plus de temps (et qui connaissent déjà le film – attention spoiler dans cette vidéo !), je ne peux que vous recommander le documentaire réalisé par St. Clair Bourne lors du tournage du film. Au-delà de l’intérêt que représente en soi le making of, on est happé par les images d’époque témoignant des difficultés de la vie de quartier à Brooklyn. Une archive qui atteste, s’il en était besoin, de la justesse et de la pertinence du propos de Spike Lee.
Spike Lee, c’est aussi (notamment !)
- Jungle Fever – 1991
- Malcom X – 1992
- Clockers – 1995
- The 25th hour – 2002
- Inside Man – 2006
- BlacKkKlansman – Grand Prix au Festival de Cannes 2018, Oscar du Meilleur Scénario Adapté 2019