Vous n’avez pas encore lu Le vieux qui lisait des romans d’amour de Luis Sepúlveda ? Cette critique littéraire est faite pour vous ! Et pour les familiers du roman, n’hésitez pas à partager votre ressenti avec nous en ajoutant un commentaire à la fin de cet article !
- Le vieux qui lisait des romans d’amour, Luis Sepúlveda
- Littérature latino-américaine / Littérature Etrangère / Littérature XXe
- Genre : Roman
- Parution : 1992
- Distinction : Prix Relay des Voyageurs Lecteurs
- Thématiques : Nature / Amérique Latine / Sagesse / Voyage
Que nous dit la 4e de couv’ du Vieux qui lisait des romans d’amour ?
Il ne lui faut pas vingt lignes pour qu’on tombe sous le charme de cette feinte candeur, de cette fausse légèreté, de cette innocence rusée. Ensuite, on file sans pouvoir s’arrêter jusqu’à une fin que notre plaisir juge trop rapide.
Pourquoi Le vieux qui lisait des romans d’amour vaut le détour ?
Si vous êtes à la recherche d’un livre dans lequel les cœurs de deux êtres battent passionnément l’un pour l’autre à vous en faire palpiter le vôtre tout aussi intensément, laissez Le vieux qui lisait des romans d’amour de Luis Sepúlveda sur votre bibliothèque – ce n’est pas là que vous trouverez votre bonheur. Car comme son titre l’indique – sans ambiguïté aucune – dans cette histoire, c’est bien le Vieux qui lit des romans d’amour, pas vous (et ce, aussi avancé que soit votre âge) ! Mais pour tous ceux qui ne nourrissent pas de roses desseins en choisissant leur prochain livre, lancez-vous sans hésiter dans ce classique de Sepúlveda. Vous y trouverez 1.000 raisons de vous émerveiller.
De quoi parle Le vieux qui lisait des romans d’amour ?
En quelques lignes, nous voilà plongés au cœur d’une forêt tropicale, dans le minuscule village d’El Idilio (qui pourtant n’a rien d’un petit coin de paradis) perdu sur les bords du fleuve Amazone – village de passage pour certains, d’une vie pour d’autres qui, comme Antonio Bolivar, le Vieux, se sont laissés prendre au piège d’un plan de colonisation (raté) de l’Amazonie et ont vu se noyer là, au fil des saisons, leurs illusions de vie meilleure.
Sepúlveda nous embarque pour un voyage édifiant dans un monde qui est avant tout celui de la faune, de la flore et non celui des hommes – une terre où la nature est aussi belle qu’elle est hostile pour qui ne prend pas le temps d’en comprendre les mystères et d’en respecter l’équilibre. Or, cet équilibre a été brisé par un groupe d’hommes blancs ayant attisé la fureur d’une panthère. Alors que l’animal rôde, une traque s’organise à laquelle participera (davantage de force que de gré) le Vieux, lequel, proche du peuple indien Shuar, a appris les secrets de la forêt.
Et les romans d’amour dans tout cela ?
La part de rêve du Vieux, qui – à défaut d’en comprendre tous les mots – ressent qu’il y a quelque chose sur cette terre qu’il n’a jamais connu et qui pourtant existe et est plus fort que tout : l’amour sincère, vibrant, « celui qui fait souffrir » comme il dit. Ces livres lui permettent d’oublier pour un temps la laideur des hommes. Il s’en abreuve comme à une source, aussi précieuse que les crabes attrapés à la saison des pluies sous les pierres immergées par l’eau opaque du fleuve Amazone.
Le vieux qui lisait des romans d’amour, en bref :
Vous l’aurez compris, Le vieux qui lisait des romans d’amour de Luis Sepúlveda est un merveilleux roman, resserré, poétique et inspirant. Une lecture fondamentale !
De courts extraits du Vieux qui lisait des romans d’amour pour se faire une idée
Maintenant la femelle rôde, folle de douleur. C’est l’homme qu’elle chasse. Elle n’a certainement pas eu de mal à suivre la piste du gringo. Elle n’avait qu’à flairer l’odeur de lait qui collait au malheureux. Elle a déjà tué un homme. Elle a senti et goûté le sang humain, et pour sa petite cervelle d’animal tous les hommes sont les assassins de sa portée : pour elle, nous avons tous la même odeur. Laissez les Shuars s’en aller. Il faut qu’ils préviennent leur foyer et les foyers voisins. Chaque jour qui passe va rendre la femelle plus désespérée et plus dangereuse, et elle va chercher le sang toujours plus près des villages. Saloperie de gringo !
_ Et tu lis quoi ?
_ Un roman. Mais tais-toi. Quand tu parles, tu fais bouger la flamme et moi je vois bouger les lettres.
L’autre s’éloigna pour ne pas le gêner, mais l’attention que le vieux portait au livre était telle qu’il ne supporta pas de rester à l’écart.
_ De quoi ça parle ?
_ De l’amour.
A cette réponse du vieux, il se rapprocha, très intéressé.
_ Sans blague ? Avec des bonnes femmes riches, chaudes et tout ?
Le vieux ferma le livre d’un coup sec qui fit trembler la flamme de la lampe.
_ Non. Ca parle de l’autre amour. Celui qui fait souffrir.
L’homme se sentit déçu. Il courba les épaules et s’éloigna de nouveau. Avec ostentation, il but une longue gorgée, alluma un cigare et se mit à affuter sa machette.
Envie d’en savoir plus sur Le vieux qui lisait des romans d’amour et Luis Sepúlveda ?
Itsy-bitsy-teenie-weenie-biographie
Luis Sepúlveda (1949, Chili – 2020, Espagne) est un écrivain chilien. Emprisonné en tant qu’opposant politique en 1973 sous la dictature de Pinochet alors qu’il est étudiant, Sepúlveda est condamné à vingt-huit ans de prison. Il est toutefois libéré après vingt-sept mois d’enfermement grâce à l’intervention d’Amnesty International. Tenu de s’exiler en Suède durant huit ans, Sepúlveda fuit et entreprend un voyage de plusieurs années en Amérique latine (Equateur, Pérou, Colombie et Nicaragua). Il s’installera notamment de nombreux mois au cœur de l’Amazonie, apprenant à vivre avec le peuple autochtone Shuar. C’est cette expérience qui lui inspirera l’écriture, bien des années plus tard, du Vieux qui lisait des romans d’amour et ancrera chez lui son militantisme écologiste. Il est l’auteur de nombreux romans, récits, nouvelles et fables pour enfants.
Le vieux qui lisait des romans d’amour, son premier roman, connait instantanément un immense succès mondial, lançant la carrière d’écrivain de Sepúlveda.
Un hommage posthume
En lui dédiant Le vieux qui lisait des romans d’amour, Luis Sepúlveda rend un hommage posthume à son ami Chico Mendes, leader militant syndicaliste brésilien qui aura consacré sa vie à la défense de la forêt amazonienne et de ses peuples autochtones. Chico Mendes est assassiné quelques années avant la publication du roman (1988) sur ordre d’un propriétaire terrien brésilien à l’encontre duquel il avait mené et remporté un long combat contre la déforestation d’une zone de la forêt amazonienne. Il devient un symbole de la défense de l’environnement.
Sepúlveda nous parle de son livre
Si vous êtes curieux d’écouter Sepúlveda, voici quelques minutes d’une interview réalisée par la télévision Suisse dans le cadre de la promotion du roman.
Guillaume Gallienne nous fait la lecture
Et quel plaisir d’écouter Guillaume Gallienne nous lire quelques extraits du roman dans son émission « Ca peut pas faire de mal » diffusée sur France Inter (2019) !
Le vieux qui lisait des romans d’amour au cinéma
En 2001, le livre de Sepúlveda est adapté au cinéma par le réalisateur australien Rolf de Heer avec, au casting, Richard Dreyfuss dans le rôle d’Antonio Bolivar.
Le film a été tourné en Guyane Française.
A la suite de ce long-métrage, de Heer poursuivra son exploration du rapport entre l’homme et la nature en s’intéressant à la condition des aborigènes en Australie avec deux films : The Tracker (2002) et 10 canoës, 150 lances et trois épouses (2006), film qui lui vaudra le prix du Meilleur Réalisateur auprès de l’Australian Film Institute.
Luis Sepúlveda, c’est aussi (notamment !)
- Le monde du bout du monde – 1989
- Le neveu d’Amérique – 1994
- Un nom de torero – 1996
- Histoire d’une mouette et du chat qui lui apprit à voler – 1996
- Journal d’un tueur sentimental – 1998
- L’ombre de ce que nous avons été – 2010
