Si nous avons déjà eu l'occasion d'évoquer Billy Wilder grâce à Jonathan Coe et son roman "Billy Wilder et moi", le temps est largement venu d'ajouter un chapitre à notre propre histoire avec ce merveilleux réalisateur dont l'œil fut assurément le plus pétillant de tout Hollywood. Pour cela, mettons de côté les incontournables que constituent (entre autres !) "Boulevard du Crépuscule", "La garçonnière" et "Certains l’aiment chaud, et laissons nous porter par l'univers enchanteur de "Sabrina" !

Réalisateurs US
Il est des films qu’on a vu bien jeune et qui nous ont marqué de leur empreinte sans même que sur l’instant on en prenne la mesure. Ce n’est qu’avec le temps, parfois après plusieurs années, que s’installe en nous le sentiment d’avoir vu quelque chose d’important - le film pourtant ne nous a laissé qu’un souvenir diffus. Et puis un jour, par un hasard qui n’en est sans doute pas un, ce souvenir remonte et avec lui l’envie de réemprunter le chemin de l’émerveillement, de revivre - peut-être (si notre mémoire ne nous a pas trompé) - le choc que nous avions reçu alors, de réveiller aussi le temps d’un film celui que nous étions quand ce moment de grâce nous a touché.
Et si finalement la sortie du nouveau film de Wes Anderson n'était pas le prétexte idéal pour une session prolongée (j'insiste là-dessus !) dans l'univers de ce cinéaste génial ? Question purement rhétorique car, à l'évidence, la réponse est : OUI ! Qui serait en effet assez fou pour se priver d'une chose rare : des films mêlant avec subtilité intelligence, poésie, drôlerie et esthétisme ? Evidemment, personne. Alors, on y va et sans réserve (!) car bonnes nouvelles : 1. On a peu de chance de faire un mauvais choix 2...
Quand on a 60 ans de carrière derrière soi, que l'on a tourné plus de 80 films avec le tout Hollywood, que l'on figure sur la liste des 25 plus grands acteurs américains de tous les temps (dressée par l'American Film Institute), choisir dans sa propre filmographie son film préféré ne doit pas être chose aisée... et c'est cependant sans difficulté que Kirk Douglas répondra à cette question...
Bill Murray en costume sombre sur le palier d'une modeste maison blanche, un bouquet de roses à la main et l'air soucieux de celui qui se demande si c'est vraiment une bonne idée... Comme tapées sur une machine à écrire au ruban fatigué, des majuscules au rose flashy annoncent un joli et à la fois mystérieux "Broken Flowers". Juste en dessous, dans un noir discret, on lit : "un film de Jim Jarmusch"... Voilà une affiche qui, l'air de rien, rassemble les ingrédients d'une recette qui a tout pour plaire : un moment hors du temps proposé par un réalisateur qui assure au sujet d'un mec qui merdouille...