La Blitz Kritik Cinéma, c’est quoi ? Un passage en revue éclair de quelques-uns des films visionnés au cours du mois écoulé pour vous aiguiller sur votre prochaine séance de cinéma (en salle ou à la maison) !
Du beau cinéma tout en restant chez soi
Mademoiselle Chambon – Stéphane Brizé

Film rediffusé il y a peu sur arte et disponible en replay pendant encore quelques jours, je vous recommande vivement de passer un moment en compagnie de Mademoiselle Chambon, institutrice en intérim dans une école de province, et de Jean, maçon dont le fils est en classe avec l’institutrice. Mademoiselle Chambon et Jean se rencontrent dans le contexte de l’école et, depuis, ils pensent l’un à l’autre, sans se le dire, presque sans se l’avouer à eux-mêmes car, voilà, Jean est marié… Les deux âmes pourtant semblent se comprendre sans avoir à se parler. Jean, sans doute n’a pas les mots – l’institutrice, elle, les retient. Leurs deux solitudes se répondent et se complètent.
C’est l’histoire d’un amour impossible que Stéphane Brizé filme dans une retenue proche du sacré. Les silences, les regards, les corps entravés par l’interdit, le souffle d’un espoir qui passe… Deux acteurs merveilleux se font face : Sandrine Kiberlain et Vincent Lindon, dont les interprétations tout en finesse sont d’une émotion rare – on salue également Aure Atika, très convaincante, dans le rôle de la femme de Jean. Mention spéciale toutefois pour Sandrine Kiberlain dans une scène bouleversante où elle écoute un message laissé par sa mère sur son répondeur, soixante secondes qui valent à elles seules que l’on s’attarde sur ce film !
Si Sandrine Kiberlain et Aure Atika auront toutes deux été nommées dans les catégories Meilleure Actrice et Meilleure Actrice dans un Second Rôle, c’est Stéphane Brizé et Florence Vignon, co-scénaristes, qui seront récompensés par le César de la meilleure adaptation pour ce film (à l’origine un roman d’Eric Holder).
Les déceptions du mois
Asteroïd City – Wes Anderson

Qu’il est difficile d’admettre qu’on n’a pas aimé le travail de quelqu’un qu’on adore… Véritable inconditionnelle de Wes Anderson, mes premières réserves sont apparues, timides, avec The French Dispatch, préférant me concentrer sur tout ce que le film avait de créatif et sympathique (et il y avait matière). Pas d’autre choix pourtant avec Asteroïd city que d’avouer qu’il n’y a pas grand-chose à garder du dernier long-métrage de Wes Anderson. L’esthétisme propre au réalisateur est bien là et c’est indéniablement ce qu’il y a de plus réussi. Anderson part cette fois dans l’épure – et pour cause l’histoire se déroule dans un désert de l’ouest américain – mais cela fonctionne. Les décors, façon carton-pâte comme dans un théâtre (nous assistons à la création d’une pièce) sont parfaits et l’ambiance 50’s vraiment réussie (pompe à essence qui nous fait penser à Edward Hopper, vieilles bagnoles, diner au long comptoir emblématique des Etats-Unis…). La bizarrerie Andersonienne des personnages est là aussi mais cette fois dépourvue d’humour et de poésie. Les personnages sont désincarnés (quel dommage lorsque figurent tant de beaux noms au générique) et ne parviennent pas à générer chez nous de l’empathie… à l’exception, peut-être, des quelques face-à-face d’une fenêtre de chambre d’hôtel à l’autre entre Scarlett Johansson et Jason Schwartzman… Il me serait bien difficile de vous dire de quoi parle le film faute de l’avoir vraiment compris. Il ne suffit pas d’une jolie enveloppe pour qu’on s’intéresse au message qui nous est envoyé…
Wahou ! – Bruno Podalydès

- Genre : Comédie (et j’ajoute : dramatique)
- Durée : 1h38
- Date de sortie : juin 2023
- Thématiques : Tranche de vie
On a beau aimer Bruno Podalydès – en homme sensible un peu à côté de ses pompes, Karin Viard – en excentrique au bord de la fêlure, Sabine Azéma – en pétillante amoureuse de la vie – et Eddy Mitchell – en gentil ours mal léché, à la sortie du cinéma, bien loin de s’exclamer « wahou ! » on balbutie plutôt « aïe aïe aïe »… La faute, entre autres, à une bande-annonce qui nous fait croire à une douce comédie alors que… pas du tout. Film à sketchs dans sa forme mais non pas sur le fond, nous suivons deux agents immobiliers qui ne vont pas très bien dans les visites d’un appartement et d’une maison qu’ils conduisent aux côtés de potentiels acquéreurs allant pour la plupart encore moins bien qu’eux. Dis comme ça, on pourrait voir un côté comique et il y a bien en effet quelques situations ou répliques qui font sourire (celles de la bande-annonce). Mais enfin, au global, il faut bien avouer que le film est terriblement déprimant voire barbant. Car si l’on ajoute à la galerie de personnages plombants l’ennui des visites à répétition des deux mêmes biens immobiliers (certains y verront peut-être un comique de répétition), le temps semble s’étirer à l’infini… Dommage, la douceur mélancolique et néanmoins lumineuse de Bruno Podalydès n’opère pas ce coup-ci.
