Et si on lisait… pour cotoyer un monstre sacré de Hollywood ? (Jonathan Coe)

Vous n’avez pas encore lu Billy Wilder et moi de Jonathan Coe ? Cette critique littéraire est faite pour vous ! Et pour les familiers du roman, n’hésitez pas à partager avec nous votre ressenti en ajoutant un commentaire à la fin de cet article !

Couverture Livre Billy Wilder et moi de Jonathan Coe
Couverture Livre Billy Wilder et moi de Jonathan Coe

Que nous dit la 4e de couv de Billy Wilder et moi ?

Roman de formation touchant et portrait intime d’une des figures les plus emblématiques du cinéma, Billy Wilder et moi reconstitue avec une fascinante précision l’atmosphère d’une époque.

Pourquoi Billy Wilder et moi vaut le détour ?

Photo de Jonathan Coe
Jonathan Coe

On a tous entendu parler de Billy Wilder, évidemment, et qui n’a pas en tête le trio mythique que constituaient Marilyn Monroe, Tony Curtis et Jack Lemmon dans Certains l’aiment chaud, sans doute le plus populaire des films de Wilder. Et pourtant, nous ne sommes probablement pas si nombreux à vraiment connaître son cinéma – sans parler de l’homme. Les moins cinéphiles d’entre nous se diront qu’ils ne s’en portent pas plus mal et qu’ils peuvent passer leur chemin. Grossière erreur ! Car en amoureux passionné du cinéaste, Jonathan Coe réussit avec son dernier livre Billy Wilder et moi le pari délicat d’amener à Wilder le plus réfractaire des lecteurs ! A n’en pas douter – quel que soit votre degré d’intimité avec le réalisateur – une fois le livre refermé, l’envie vous prendra, comme une évidence, d’ouvrir la porte en grand d’une époque mythique du cinéma hollywoodien en (re)visionnant  les films de ce cinéaste qui figure parmi l’un des plus talentueux du XXe siècle. Tout un programme !

De quoi parle Billy Wilder et moi ?

Photo de Wilder
Billy Wilder

Dans ce roman construit comme une poupée russe, J. Coe nous plonge délicatement dans l’univers à la fois lumineux et sombre de Wilder – superficialité et faste hollywoodiens dans les restaurants chics de Beverly Hills – cut – tournage en Europe de son avant-dernier film « Fedora », témoignage de la fin d’une ère aussi bien pour le personnage principal du film (une ancienne gloire du cinéma) que pour Wilder lui-même alors que le 7e art emprunte un virage à 180° avec l’avènement des « jeunes barbus » que sont les Spielberg, Lucas, Coppola et compagnie – cut – fuite d’un scénariste en herbe vers Paris en 1933 puis vers les Etats-Unis pour échapper à la montée du nazisme en Allemagne – cut – fastidieux et douloureux travaux documentaires menés à la fin de la guerre requérant de visionner les images de la libération des camps de concentration par les Alliés, comme un besoin de vérité face à une réalité à laquelle Wilder a réchappé mais qui aura été fatale à sa famille, à sa mère… cut

Ces fragments de la vie du réalisateur sont dévoilés par le vieillissant Wilder à une toute jeune fille, se retrouvant par le plus grand des hasards (ou presque) à jouer les assistantes sur le tournage du film Fedora. Depuis, le temps a passé et la jeune fille est devenue femme, épouse, mère et artiste elle-même. Ses souvenirs de ces quelques mois passés aux côtés de Wilder lui reviennent et avec eux la reconnaissance absolue envers un homme qui aura, en étant tout simplement lui, bouleversé le cours de sa vie.

En bref :

Jonathan Coe nous offre un livre passionnant sur un homme aussi drôle et spirituel que mélancolique et profond, dont la vie aura indéniablement été un incroyable roman !

De courts extraits de Billy Wilder et moi pour se faire une idée

Wilder au sujet de Diamond, scénariste et ami avec lequel il aura collaboré sur plusieurs films parmi lesquels Certains l’aiment chaud et La Garconnière :

Cela fait maintenant vingt ans que nous écrivons des films ensemble, et c’est la plus grande marque d’appréciation que j’aie jamais réussi à lui arracher : « Pourquoi pas ? » Je peux lui balancer la meilleure réplique qu’on ait jamais entendue dans un film – comme à la fin de La Garçonnière, vous savez quand elle dit : « Tais-toi et donne les cartes » -, bon, vous ne savez pas, parce que vous ne regardez que des films de requins, mais permettez-moi de vous dire que c’est vraiment une excellente réplique, et quand je lui ai proposée, vous savez ce qu’il a dit ? « Billy, tu es un génie » ? « C’est grâce à ça que le film va marcher. » Non, rien de ce genre. Il me regarde juste avec cet air de chien battu, et il me dit « Pourquoi pas ? » Et voilà comment je sais qu’il adore la réplique, même si ça le tuerait de le dire.

Retranscription par Jonathan Coe d’une interview de Wilder face à une journaliste allemande :

Affiche du film Fedora de Billy Wilder

En allemand, elle demande : « Monsieur Wilder, vous avez vécu plusieurs années à Berlin dans l’entre-deux-guerres. Quel effet cela vous fait de revenir en Allemagne pour tourner votre nouveau film ? »
Et Billy réfléchit quelques instants avant de répondre, sans sourire – tellement impassible que personne au monde n’aurait pu dire s’il plaisantait ou non : « Eh bien, vous savez, c’était compliqué de lever des fonds pour ce film en Amérique. Alors j’étais vraiment ravi de voir intervenir mes amis et collègues allemands. Et maintenant, je me dis que d’une certaine manière, cette situation me permet de gagner à tous les coups.
_ Que voulez-vous dire ? demande la femme.
_ Je veux dire, répond Billy, qu’avec ce film je ne peux pas vraiment perdre. Si c’est un franc succès, c’est ma revanche sur Hollywood. Si c’est un flop, c’est ma revanche pour Auschwitz.

Envie d’en savoir plus sur Jonathan Coe et Billy Wilder ?

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Photo Jonathan Coe
Crédit : 2011 Ulf Andersen/Ulf Andersen

Jonathan Coe, écrivain britannique, naît à Birmingham en 1961. Il publie son premier roman, La femme de hasard, à l’âge de 26 ans. Il connait son premier véritable succès littéraire en 1994 avec son quatrième roman, Testament à l’anglaise. Il est l’auteur de nombreux romans et de quelques livres jeunesse. Passionné de cinéma, il a également consacré deux biographies à des acteurs mythiques de Hollywood, James Stewart et Humphrey Bogart.

Jonathan Coe nous dit tout

Envie d’écouter Jonathan Coe parler de Wilder et de son processus d’écriture du roman ? Voici une excellente interview de l’auteur menée par Véronique Béghain de la Librairie Mollat (Bordeaux).

La Fedora de Wilder

Et parce qu’après avoir lu le livre il serait dommage de passer à côté du film qui est au cœur du roman, je partage ave vous la bande-annonce de Fedora, l’avant-dernier film de Billy Wilder sorti en 1978 alors que Wilder a 72 ans. Au casting : Marthe Keller dans le rôle de Fedora et Martin Holden.

Un moment avec Billy Wilder !

Ne passez pas à côté de cet entretien « Portrait of a 60% Perfect Man » réalisé par Michel Ciment en 1982 (soit quelques années seulement après la sortie de Fedora) dans lequel Billy Wilder revient avec le talent de conteur qui est le sien sur sa vie et son œuvre. 60 minutes pour une archive exceptionnelle !

Jonathan Coe, c’est aussi (notamment !)

  • Testament à l’anglaise – Prix Femina Etranger (1995)
  • La maison du sommeil – Prix Médicis Etranger (1998)
  • Bienvenue au club – 2002
  • Le cercle fermé – 2006
  • La pluie, avant qu’elle tombe – 2008
  • La vie très privée de Mr Sim – 2011
Couvertures Livres Jonathan Coe, Auteur Britannique - Editions folio
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